Après la chute du mur de Berlin et la disparition de la menace d’un conflit classique, les principales armées européennes ont mis fin à la conscription réduisant considérablement leur taille pour se transformer en espèce de Corps Expéditionnaire pour des Opérations extérieures au théâtre Européen avec abandon des formations en Divisions réduites au niveau de Brigades peu dotées de chars lourds notamment faute de terrains de combat appropriés et surtout de capacité aérotransportable.
Le retour possible d’une confrontation sur le théâtre européen implique, non pas de se passer d’un Corps Expéditionnaire pour les Opex mais de reconstituer des Corps Blindés Mécanisés composés de Divisions Blindées et Mécanisées.
Si actuellement la composante européenne de l’Otan totalise environ sur le papier 2000 chars de combat de modèles divers dont une bonne partie n’est pas en état, l’armée russe prévoit d’être dotée de 2300 nouveaux chars de combat T14 Armata à 2020. En outre les unités intégrés à l’Otan et notamment celles de l’Armée française souffrent d’un sous-entrainement alors que celui de l’Armée russe est en amélioration constante.
Actuellement l’Armée française compte environ 250 chars lourds avec une disponibilité de 60.% répartis en 4 régiments. Les Divisions supprimées en 1999 vont être reconstituées et la Ière et la 3ème Divisions succèderont aux actuelles 1ere brigade mécanisée (Châlons-en-Champagne) dont la dissolution a été annoncée à l'automne dernier et à la 3ème brigade légère blindée (Clermont-Ferrand). Leurs régiments seront répartis entre les six brigades restantes, à savoir la 2ème BB, la 6ème BLB, la 7ème BB, la 9ème BIMa, la 11ème BP et la 27ème BIM. On trouvera donc 2 brigades lourdes (2 et 7), 2 médianes (6 et 9) et 2 légères (11 et 27). Chacune des deux divisions devraient intégrer une brigade de chaque type.
Dans le cadre du Plan "Au Contact" une grosse division la Ière Division forte de 25 000 hommes baptisée Force Scorpion va être reconstituée avec 4 des brigades actuelles et 2 régiments d'appuis divisionnaires
1er régiment d'artillerie 1er RA Belfort
19e régiment du génie 19e RG Besançon
7e brigade blindée de Besançon
35e RI Belfort
152e RI Colmar
1er RTIR Épinal
1er RCH Thierville-sur-Meuse
5e RD Mailly le camp
68e RAA camp de la Valbonne
3e RG Charleville-Mézières
9e Brigade d'infanterie de marine de Poitiers
1re RIMA Angoulême
2e RIMA Champagné
3e RIMA Vannes
126e RI Brive-la-Gaillarde
RICM Poitiers
11e RAMA Saint-Aubin-du-Cormier
6e RG Angers
27e brigade d'infanterie de montagne de Varces
7e BCA Varces
13e BCA Barby
27e BCA Cran-Gevrier
4e RC Gap
93e RAM Varces
2e REG Saint-Christol
Brigade franco-allemande de Müllheim
1er RI Sarrebourg
3e RH Metz
10 RC Bataillon de commandement et de soutien de la brigade franco-allemande BCS BFA Müllheim (Allemagne)
Cette nouvelle division reconstituée aligne 2 régiments de chars Leclerc soit seulement environ une centaine de chars opérationnels.
Mais malgré le retour en grâce du char de combat, on est loin d’un retour aux besoins évalués à 650 chars Leclerc au seuil des années 2000 (avec 17 régiments). Non seulement le nombre de ces chars Leclerc a besoin d’être sensiblement augmenté ( les Allemands prévoient d’emblée de porter le nombre de leurs Léopard 2 de 225 à 328) mais les existants ont besoin d’être remis à niveau alors que l’usine de production a cessé son activité.
Mais cette nécessité ne doit pas faire oublier que l’avenir est surtout aussi à l’accroissement du nombre de Régiments d’Hélicoptère de Combat regroupés dans une 4ème Division aéromobile supprimée en 2010 à reconstituer (Si le total des Armées européennes de l’Otan atteint environ 250 hélicoptères de combat, l’armée russe possède 300 MI 28 N). Certes la 4ème Brigade de Combat Aéromobile va également reconstituée avec les 1er, 3 et 5 RHC totalisant 150 hélicoptéres mais avec seulement environ 75 hélicoptères de combat.
Enfin, il serait opportun symboliquement qu’au moins la brigade franco-allemande soit recomposée avec 2 régiments blindés, 1 allemand et 1 français, ce dernier positionné à nouveau en RFA.
Reste surtout que cette Ière Division puisse avoir les moyens, en attendant la reconstitution d'un vrai Corps de Bataille, de s'entrainer au combat classique sur le théatre européen auquel les militaires ont cessé de s'entrainer depuis de trop nombreuses années.
Même si la Russie ne constitue pas une menace, il convient que les armées occidentales retrouvent rapidement un niveau de combativité potentielle classique sur le continent européen ne serait-ce que pour appuyer dans les années prochaines l’action diplomatique quand ne manquera pas de se poser pour l’ensemble du continent la question de la tenue d’un nouveau Congrès de Vienne (après celui de 1814-1815) pour redessiner les frontières de l’Europe qui deviennent obsolètes, nonobstant le principe de leur intégrité, face à celui de la liberté des Peuples à disposer d’eux-mêmes qui va s’imposer.