4. La Reconquista (Reconquête) espagnole de 1006 à 1492 et la reconversion des musulmans au Christianisme ou l'expulsion
À la toute fin du XIe siècle, le pape Urbain II encourage la Reconquista de l'Espagne occupée par les Maures.
Quatre-vingt-dix ans avant le début de la première croisade au Proche Orient, la reconquête débute en Espagne en 1006 par la célèbre Bataille de Torà avec pour belligérants, le Califat de Cordoue contre une alliance des comtes catalans partie de Besalú : les comtes de Barcelone, d'Urgell, de Besalú, de Cerdagne avec pour commandants Abd al-Malik al-Muzaffar contre Raymond Borrell de Barcelone, Armengol Ier d'Urgell, Bernat Taillefer de Besalú, et Guifred II de Cerdagne. Ce tournant marquant de la Reconquista a pour issue une déroute musulmane et le retour d'Abd al-Malik à Cordoue. Après l'effondrement du califat omeyyade de Cordoue au XIème siècle et son émiettement en une multitude de royaumes, le rapport de forces va s'inverser, les divisions au sein de l'espace musulman deviennent également importantes.
Dès 1037, le roi Ferdinand Ier, après avoir uni le Léon et la Galice à la Castille, manifeste, par son refus d'annexer la Navarre (1054), sa volonté de concentrer ses efforts contre les musulmans. Par ses offensives heureuses, il réduit au rang de tributaires les rois de Séville, Badajoz, Tolède, Saragosse, et élargi ses frontières dans toutes les directions. Les chrétiens profitent de l'émiettement des forces musulmanes et des rivalités chroniques entre les princes musulmans pour travailler à la Reconquista. Ceux-ci ne peuvent que rarement compter sur un soutien du reste du monde musulman. En revanche en 1063, le pape Alexandre II décide l'octroi d'une indulgence spéciale à quiconque irait lutter contre les musulmans d'Espagne, et les chevaliers de France vinrent en nombre (Aquitains, normands, champenois notamment) se joindre à leurs pairs d'outre-monts, puisqu'il s'agissait d'une croisade. A partir de 1064, les chrétiens bénéficient de renforts réguliers venus notamment de France. Ces derniers parviennent de ce fait à rétablir au fil de victoires et de reconquêtes leur domination sur la péninsule. C’est au cours de luttes confuses qui opposent chrétiens aux Maures et à taïfa que la Reconquista gagne du terrain. Le 6 mai 1085, tout le royaume de Tolède est annexé par la Reconquista. Près de la moitié du territoire espagnol est redevenu chrétien.
L'Andalousie musulmane perd son indépendance à la fin du XIème siècle avec la conquête des Almoravides berbères, venus d'Afrique du Nord, qui donnent un coup d'arrêt à l'avance chrétienne à Sagrajas. C'est aussi la fin d'un âge d'or culturel : les Almoravides, Sahariens austères et rigides, favorisent plus les religieux que les poètes ou les philosophes. Ils déportent des chrétiens au Maroc.
L'affaiblissement du sultanat almoravide entraîne une seconde vague de l'islam berbère, celle des Almohades, qui en 1147 dominent le Maghreb et l’Andalousie, après avoir infligé une défaite aux Castillans lors de la bataille d'Alarcos. Pratiquant leur religion avec une rigueur extrême, les Almohades se montrent particulièrement intolérants vis-à-vis des juifs et des chrétiens mozarabes (parlant arabe et arabisés), parfois en révolte, qu'ils expulsent.
Mais ce contre-mouvement, dans le cadre d'un djihad, est annihilé au XIIIème siècle lorsque les royaumes chrétiens s'unissent (Castillans, aragonais, navarrais, portugais et des contingent d'outre Pyrénées) et, soutenus par une nouvelle croisade, défont les musulmans à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212.
En 1230, la Castille est unie définitivement au Royaume de León.
La prise de Cordoue en 1236 et de Séville en 1248 par les Castillans est complétée par les dernières campagnes de la Reconquista aragonaise (Valence et Baléares) et portugaise (Algarve).
Le Royaume de Castille a alors suffisamment de forces militaires pour conquérir le royaume de Grenade, qui devient vassal de la Castille en 1246 en mais ses souverains préfèrent soumettre les taïfas à un tribut (« paria »). De temps en temps, éclataient des conflits à cause du refus de payer ; ce qui se terminait par un nouvel équilibre entre l'émirat maure et le royaume catholique.
Les musulmans ne dominent plus que dans le royaume de Grenade qui représente moins d'un dixième de l'Espagne. Les Almohades perdent le contrôle du détroit de Gibraltar, de Tlemcen, Bougie, et Tunis.
Au XVème siècle, le territoire espagnol est divisé en trois royaumes chrétiens, la Navarre, la Castille unie au royaume de León), et l’Aragon. Le dernier royaume, celui de Grenade, reste musulman.
Le mariage entre Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille permet l'union des royaumes d'Aragon et de Castille, union qui elle-même apporte l'unification territoriale et politique de toute l'Espagne. Les royaumes chrétiens sont désormais tous unis.
En 1483, Muhammad XII devient émir, dépossédant son propre père, événement qui déclenche les guerres de Grenade. Un nouvel accord avec la Castille, provoque une rébellion dans la famille de l'émir et la région de Malaga se sépare de l'émirat. Málaga est pris par la Castille et ses 15 000 habitants sont faits prisonniers ; ce qui effraye Muhammad. Celui-ci, pressé par la population affamée et devant la suprématie des rois catholiques qui avaient même de l'artillerie, capitule le 2 janvier 1492, terminant ainsi onze ans d'hostilité pour Grenade et sept siècles de présence du pouvoir islamique en Espagne. Vaincu, Muhammad signe un traité et livre la ville au roi Ferdinand d’Aragon et à la reine Isabelle de Castille. Les « Rois catholiques » chassent le dernier souverain musulman de la péninsule, Boabdil de Grenade. La reddition de Boabdil met fin au royaume musulman de Grenade. La présence des populations musulmanes, les mudéjars (musulmans sous domination chrétienne) prend fin en 1609, lorsqu'elles sont totalement expulsées d'Espagne par Philippe III.
à suivre V
5. Conquêtes des Turcs musulmans de 1299 à 1683