Actuellement les deux principales puissances de l’Union Européenne et membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU se trouvent à la tête de deux armées de terre réduites au rang de simples Corps expéditionnaires. Contrairement aux idées développées ces dernières années, il s’avère que même une armée moderne a besoin d’une infanterie importante pour remplir ses missions. La mobilité accrue et la force de frappe d’une armée de métiers au format réduit ne permet pas d’occuper le terrain alors que les conflits asymétriques récents montrent qu’il n’y a pas de possibilité de vaincre un ennemi non organisé en armée régulière sans occupation massive du terrain. Cela est d’autant plus vrai que la majorité des combats ne se font plus en rase campagne mais à l’intérieur des grandes villes dont le contrôle demande d’énormes effectifs. Or actuellement l’armée de terre française ne dispose plus que d’une vingtaine de régiments d’infanterie soit d’environ 20 000 fantassins alors que l’armée de terre britannique n’en disposera elle bientôt de moins de 30 000. Et il ne devrait pas rentrer dans les missions de l’armée de terre d’assurer la Défense Opérationnelle du Territoire qui, en France a été complétement oubliée depuis la fin de la conscription il y a 20 ans maintenant. Si le Président français vient de prendre conscience de l’insuffisance des effectifs, sa décision de vouloir « déployer » 77 000 hommes tant pour la Défense Opérationnelle du Territoire que pour les Opérations extérieures oblige à transformer une grande partie des militaires de carrière appartenant aux troupes de protection des bases aériennes, aux fusiliers marins, à l’arme de l’artillerie, du génie, du train……en simples fantassins chargés de la surveillance, d’un nombre limité à 700, de points sensibles d’ailleurs bien loin des plus de 5000 qu’il conviendrait de surveiller. Mais malgré une telle transformation anormale, force est de constater que la ressource s’avère encore largement insuffisante et contraint les vrais fantassins de différents Régiment d’Infanterie de la Légion Etrangère, de la Brigade Alpine, de la Brigade parachutiste ….à faire les sentinelles ou à effectuer des patrouilles à pied alors que ce n’est pas pour cela qu’ils se sont engagés ni n’ont été entrainés au risque en outre de ne plus avoir le temps et l’argent pour les entrainer à leur mission réelle. Un tel recours à l’armée de Terre obère très sérieusement la capacité d’un pays comme la France à pouvoir remplir dans la durée deux missions extérieures de taille significative. Rappelons qu’en dépit de la prise de conscience récente du Chef de l’Etat, on va rester très loin du « format » rêvé il y a encore peu pour 2015 de 434000 hommes, toutes armes confondues, dont trente mille projetables à huit mille kilomètres pendant un an, appuyés par soixante-dix avions et deux porte-avions . Au mieux aujourd’hui avec ses seulement 20 000 fantassins, l’Armée française serait bien incapable de faire intervenir sur une durée d’une année l’équivalent de 2 brigades en interventions extérieures de sorte qu’il n’est pas responsable d’ utiliser une partie d ses fantassins pour assurer le maintien de la sécurité intérieure. Certes, depuis 1960, le maintien de l’intégrité du sol national repose sur la dissuasion atomique. Née de la guerre froide, et toujours d’actualité face à d’autres puissances nucléaires, cette assurance vaut-elle s’agissant d’un agresseur asymétrique utilisant des armes conventionnelles et qui, de surcroît, déclencherait un conflit depuis l’intérieur même du territoire ? Evidemment non. Conçue pour réduire à néant un bassin industriel ou une métropole majeure à des milliers de kilomètres de nos frontières, l’arme nucléaire, même tactique, ne serait d’aucune utilité pour s’opposer à des insurrections dans les banlieues voire à une tentative de constitution d’ enclave indépendante sur le territoire de la République, ou au débarquement, pacifique ou non, sur les côtes de la Méditerranée, de centaines de milliers d’hommes chassés par la misère ou par l’instabilité politique. Il n’incombe pas seulement au Président de la France de simplement chercher à donner à ses concitoyens le sentiment de la sécurité mais de tout faire pour assurer cette sécurité ! Pour cela, il n’y a pas d’autre solution que de donner à la gendarmerie mobile les effectifs suffisants en rétablissant un Service Militaire court de 3 mois qui permettrait de disposer d’environ 150 000 hommes supplémentaires formés au combat urbain capables au bout de 6 semaines de classe intensives d’effectuer la garde de bâtiments et d’effectuer des patrouilles en milieu hostile. Or ce n'est pas avec les Réserves Opérationnelles actuelles totalisant en théorie pour les 3 Armées de Terre, de Mer, de l'Air et de la gendarmerie environ 50 000 hommes employés dans le Civil trés difficilement mobilisables en permanence au-delà d'environ 2500 hommes sauf circonstance trés exceptionnelles que l'on résoudra le probléme.