Alors que tous les économistes sérieux s’accordent sur le fait qu’un Etat perd toute marge de manœuvre lorsque son endettement dépasse 60 % de son PIB (critère retenu par le Pacte de Stabilité qui lie en principe les pays de l’Eurogroupe), seuls quelques Etats ont une dette publique inférieure à ce seuil. Pratiquement tout le monde semble se féliciter du retour à la croissance du PIB américain de l’ordre de 3.5% et de la baisse du chômage aux environs de 6.5 % qui serait le résultat de la politique de la « planche à billets » de la Reserve Fédérale. Certes cette croissance retrouvée a permis à l’Etat américain de revenir à un déficit budgétaire de l’ordre de 3%. Force est malheureusement de constater que cela n’a pas permis aux USA de stopper l’augmentation de leur endettement qui a dépassé les 18 000 milliards de dollars soit plus de 100 % du PIB. En Grande Bretagne ou la Banque d’Angleterre a opté également pour la politique de la planche à billets, la situation n’a rien de très enviable. En effet si la croissance du PIB atteint en 2014 les 3% et le chômage s’est réduit aussi aux environs de 6.5%, le déficit budgétaire atteint encore 6 % soit le double de ce qui est autorisé par les accords de Maastricht pour les pays de l’Euro et la dette est passée de 84.29% en 2011 à 88.80% en 2012, 92.14% en 2013 et 95.25% en 2014 dépassera inéluctablement le seuil des 100% du PIB. Au Japon ou la Banque Centrale se met elle-aussi à faire marcher la planche à billet pour tenter de relancer la croissance et lutter contre la déflation, la dette atteint déjà un record mondial à 227% du PIB. En Italie, pays membre de l’Eurogroupe ou jusqu’à présent la BCE ne s’est pas engagé dans une politique de la planche à billets comme les USA, la Grande Bretagne et le Japon et dont la croissance du PIB stagne mais le déficit budgétaire respecte en 2014 la règle des 3 % maximum, la dette dépasse les 135 % du PIB. La France qui n’arrive pas à respecter cette norme des 3% continue de voir sa dette publique augmenter et dépasser désormais les 100% du PIB comme les USA. Et même la vertueuse Allemagne qui a réussi à équilibrer son budget voit sa dette atteindre en 2014 les 78% de son PIB à un moment où France et Italie voudraient la voir accepter un relâchement de la discipline budgétaire. Or la politique consistant à augmenter considérablement la masse monétaire a permis ramener à près de 0 les taux à court terme et aux grands Etats d’emprunter à des taux historiques sur 10 ans de 1% pour l’Allemagne et de 1.20 % pour la France sans qu’aucun des grands Etats USA, Grande Bretagne, Japon, France , Italie et même Allemagne n’ait réussi à revenir en dessous du seuil de 60%. Sans remontée de l’inflation, comment pourront-ils faire pour y parvenir lorsque les taux devront remonter si on ne veut pas mettre en péril toute une partie des modes de financement par capitalisation notamment des retraites ? Seule la Suisse avec son frein à l’endettement a réussi à rester nettement en dessous du seuil de 60 % de son PIB. Mais alors que la BNS a considérablement réduit ses réserves d’or de 2500 tonnes avant 2000 à environ 1000 tonnes aujourdhui, elle se trouve contrainte elle-aussi, bien qu’elle bénéficie d’une croissance très enviable de son PIB, de faire néanmoins marcher la planche à billets pour acheter surtout des euros mais également des dollars pour empêcher une montée inexorable du franc suisse qui compromettrait cette croissance. Face à cette situation gravissime de l’endettement des Etats, on comprend plus facilement que certaines personnes de bon sens en Suisse se rappellent ce jour fatidique du 15 aout 1971 ou le Président Nixon a décidé de la non convertibilité du dollar en or ouvrant la porte à une émission monétaire incontrôlée qui va vite devenir incontrôlable et aient lancé une initiative obligeant la Banque Nationale Suisse à remonter de 7 à 20 % en 5 ans et que le Sénateur Républicain Ron Paul ait fait savoir qu’il approuvait une telle initiative qui si elle est acceptée créera un véritable cataclysme.